mercredi 4 novembre 2009

Fédéralisme vs Séparatisme

La nuit ne m'a porté conseil. Je n'ai pas trouvé une ligne de conduite satisfaisante pour baliser mon projet personnel, soit d'établir une théorie universelle apportant une solution efficace aux problèmes efficients de ce monde (vraiment utopiste le bonhomme). J'aurais pu y aller selon un procédé un peu brouillon mais pour une fin aussi noble, il me faut une démarche hautement réfléchie. Je ne dois pas pour autant laisser s'atrophier mon pauvre cerveau. Je vais donc pour se faire me trouver un os sur lequel mon esprit se fera les dents, sur lequel il s'exercera. En l'occurrence, j'ai décidé de m'immiscer dans un débat faisant rage depuis l'Acte d'Amérique du Nord Britannique: celui qui divise fédéralistes et séparatistes.

Le début de cette dispute pourrait être situé dans le temps bien avant 1867. La haine entre Anglais et Français qui s'est perpétuée en animosité entre Québécois et ROC (Rest of Canada) ne date évidemment pas de l'AANB, mais la querelle entre fédéralistes et non-fédéralistes remonte par contre à cette époque.

Pourquoi avoir choisi ce débat? D'abord par intérêt personnel: j'ai toujours été un mordu de politique canadienne, québécoise et internationale. Ensuite, j'ai commencé à suivre depuis quelques jours les forums à ce sujet sur Facebook et je crois être en mesure de rehausser les délibérations à ce propos. Pour finir, avec un peu de chance, j'épuiserai le thème et je pourrai (re)fonder une (nouvelle) synthèse sur une matière dont j'ai changé plusieurs fois d'idée (N.B.: Fondamentalement, j'ai gardé un préjugé favorable à l'égard du fédéralisme canadien pour diverses raisons que je vais exposer au fil des jours). Les arguments des deux camps peuvent se valoir et ceux-ci peuvent finir, si on n'est pas de mauvaise foi, par pousser notre réflexion un peu plus loin.

Comme procédure pour cet exercice, je propose d'avancer jour après jour des argumentaires d'un camp ou l'autre et de les défendre ou pourfendre selon le cas. En espérant votre entière participation et commençons tout de go! (N.B.: Je n'ai point suivi les sessions depuis leurs inaugurations, alors veillez pardonner si vous considérez qu'il y a des redites ou que mes points apportés avaient déjà été complètement examinés.

PROPOSITION #1

"Le Québec serait libre et contrôlerait ses propres affaires s'il était un pays souverain", disent les séparatistes (j'entend par séparatiste tout indépendentiste ou souverainiste qui prône l'indépendance de sa province ou de sa nation au pays auquel il est rattaché).

A CONTRARIO:

  • Le Canada est la fédération la plus décentralisée du monde (Via http://scfp.ca/economie/equilibrefiscal. Lévesque, Louis. 2002a. L’équilibre fiscal et les relations financières entre les gouvernements au Canada. Bureau du Conseil privé, gouvernement du Canada. Exposé présenté à une conférence sur les arrangements fiscaux au Canada, mai 2002 pp. 5-7. http://www.iigr.ca/iigr.php/conference_archives/papers Consulté le 29 août 2006). Les provinces canadiennes taxent et imposent presque autant que le gouvernement fédéral. De toute évidence, ils prennent des mesures fiscales autrement plus grandes que leurs vis-à-vis des États-Unis d'Amérique, que les cantons de Suisse, que les républiques de Russie ou les colonies d'Australie. Ce ne sont là que quelques exemples. Les provinces ont des champs de compétences très étendues et elles ont un contrôle certain sur l'évolution de la politique interne et externe du Canada (par exemple, voix à l'UNESCO ou aux forums environnementaux).
  • Le Québec influence grandement le Canada (bilinguisme, charte des droits, forums internationaux) ce qui lui donne un contrôle à plus grande échelle géographique et/ou politique et une liberté d'action beaucoup plus vaste qu'en étant isolé sur une infime portion du territoire de l'Amérique du Nord.
  • Le Québec a un tel contrôle sur ses propres affaires, qu'il a vu naître (et aider à faire croître) les Caisses Desjardins, la Caisse de Dépôt, Hydro-Québec et plusieurs autres sociétés d'État.
  • Je finirai aujourd'hui en disant que la véritable liberté politique (si elle existe), c'est celle de faire partie des grands ensembles d'action politique internationale comme le G7, l'ALÉNA, le FMI, l'ONU, etc., toutes des institutions où se prennent les vrais décisions. Le Québec, s'il ne faisait pas partie du Canada, n'y aurait pas accès s'il était indépendant. Du moins, il n'y aurait pas accès automatiquement comme en ce moment. Cela lui demanderait d'âpres négociations. Avec une population de plus ou moins 8 millions d'habitants, peu d'espoir d'être convié à la table des grands. Tout au plus, serions nous admis à l'ONU, mais il n'y a pas de vrai pouvoir à l'ONU selon moi.
Alors chers amis séparatistes, que répondez-vous?

4 commentaires:

  1. La véritable liberté politique, c'est de se débarrasser de l'ALENA, de l'ONU, de l'OMS, de l'OMC et surtout du FMI et de la banque mondiale. Je trouve ça désolant de voir que quelqu'un puisse penser que la liberté serait de joindre des organismes composés de gens non-élus dont des décisions ont préséance sur celles de nos gouvernements. La mondialisation des marchés et l'harmonisation des politiques (comme le PSP) ne sont rien d'autre que la destruction des états nations du monde et une attaque sauvage contre la démocratie. Non, le Québec n'aurait aucun pouvoir à l'ONU, mais aucun pays n'en a réellement. Les décisions sont prises à un autre niveau et les représentants des pays ne sont pas la pour représenter le peuple. Je pense que cette question transcende la question du séparatisme et du fédéralisme. Tous les Québécois, les Canadiens et les habitants des nations de la terre doivent s'opposer à cette centralisation du pouvoir entre des mains non-élues, ce glissement de la démocratie vers la tyrannie mondiale.

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  2. J'avais bien dit: "que la véritable liberté, si elle existe..." car sur le fond je suis plutôt d'accord avec ce que Gab M-B à avancé. Mais selon les règles établies dans le monde, les institutions mentionnées existent et elles ne disparaîtront pas de sitôt. Il serait donc suicidaire de ne pas y participer. De toutes façons, paradoxalement, si on veut les éliminer, il faudra bien y participer.

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  3. Oui, suicidaire. J'imagine qu'il étaient plusieurs à dire ça juste avant la révolution française. Moi je pense qu'il faut essayer et se battre avec tout ce qu'on a. Je refuse de m'avouer vaincu tant que je suis en vie et pas en prison.

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  4. Bonjour François,

    J’aimerais revenir sur quelques points de votre démonstration. D’abord vous dîtes que le Canada est une des fédérations les plus décentralisées du monde et que les provinces possèdent des pouvoirs de taxations et des champs de compétences étendues.

    Peu importe que le niveau de centralisation/décentralisation du Canada il y a une mise en commun des pouvoirs. Un Québec indépendant contrôlerait plusieurs aspects qu’il ne contrôle pas actuellement :

    1) relation internationales
    2) transport ferroviaire, aérien et maritime
    3) défense
    4) télécommunications

    De plus, le gouvernement canadien n’interviendrait plus directement dans les champs de compétences du Québec par son «pouvoir de dépenser» ou ses institutions comme la Cour suprême. Ce serait un grand avantage pour le Québec notamment en ce qui concerne la langue française (les 200 modifications apportées à la loi 101 est un bon exemple).

    Nous aurions donc plus de pouvoirs à l’interne.

    Certes, le Québec influence le Canada mais le Canada influence sur le Québec. Voici le nœud du problème. Vous parlez de contrôle sur un grand territoire et une liberté politique plus grande pour le Québec. J’aimerais bien que vous réfléchissiez à cette affirmation et que vous nous l’expliquiez par des exemples concrets car je dois bien l’admettre votre affirmation me paraît assez fantaisiste.

    En ce qui concerne, «la véritable liberté politique» je suis d’avis qu’il veut mieux participer comme État indépendant à un certain nombre d’institutions internationales que de laisser le Canada parler pour la nation québécoise. En terminant, je vous rappellerai que le fameux siège à l’Unesco n’est pas un siège dans une organisation internationale mais plutôt un siège au sein de la délégation canadienne à l’Unesco. De plus, il est clairement spécifié dans l’entente que l’opinion du Québec sera considérée mais qu’ultimement se sera la position canadienne qui primera. Donc, nous avons un pouvoir consultatif au sein d’une délégation d’un pays qui lui à un siège à l’Unesco. Comme politique étrangère on a vu mieux !!!

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