mardi 17 novembre 2009

Fédéralisme vs Séparatisme (12)

L'INTERVIEWER - Mais pourquoi donc êtes-vous si prompt à défendre le fédéralisme canadien? Vous êtes sûrement le seul sur Facebook à avoir autant étayé les thèses soutenant les fédéralistes.

L'INTERVIEWÉ - Le fédéralisme est le seul système au Canada qu'on puisse défendre avec logique, cohérence et passion. En contrepartie, on ne peut soutenir le séparatisme que par passion. Rien ne peut passer l'épreuve de l'incertitude. Et le projet indépendantiste nage en pleine incertitude.

L'INTERVIEWER - Que pensez-vous des séparatistes? Que pensez-vous du projet indépendantiste?

L'INTERVIEWÉ - Les séparatistes sont pour la plupart lucides (au sens éclairé du terme et non au sens politique comme l'entendent Lucien Bouchard et Joseph Facal). Ils savent pertinemment les défis auxquels ils devront faire face s'ils accèdent à l'indépendance. Il y a certes Parizeau et quelques illuminés croyant que la souveraineté fera disparaître tous les problèmes du Québec comme par enchantement. Cela reste au chapitre du délire. Mais lorsque j'entends un souverainiste me parler de son souhait de voir advenir coûte que coûte un Québec indépendant, alors je lève mon chapeau. Car des gens entêtés au point de tout vendre pour leurs idées, ça je respecte. Toutefois, je ne pourrai jamais tenir en estime quiconque prônerait la violence pour quelques idées que ce soit. C'est pour ça que je me distance le plus loin possible du RRQ. À leur propos, saviez-vous qu'ils m'ont banni de leurs cercles de discussion sur Facebook?

L'INTERVIEWER - Vous les avez cherchés.

L'INTERVIEWÉ - Aucunement, j'ai simplement mis des liens pour mon blog. Chaque jour ils enlevaient mes liens et puis ils ont fini par me bannir. Une république du Québec verrait advenir, j'en suis persuadé, des censeurs pour empêcher toutes espèces de contre-rebellion. Pour avoir constaté aussi une certaine violence sourde véhiculée par des sécessionnistes québécois, je suis également convaincu qu'on verrait apparaître des milices dans à peu près toutes les régions du Québec. Ils prétendraient mettre de l'ordre; le vrai motif serait de surveiller tout fédéraliste qui essaierait de briser l'élan du nouveau pays naissant. En tous les cas, la guerre civile ne serait pas loin et l'exode des pro-canadiens prendrait de l'ampleur suite aux premiers départs. Car croyez-moi, je connais plusieurs fédéralistes qui jurent de quitter le Québec s'il devient indépendant.

L'INTERVIEWER - Que conseillez-vous aux indépendantistes?

L'INTERVIEWÉ - D'abandonner leur rêve romantique d'un pays. Toute forme de nationalisme porte en lui les germes de la xénophobie et de l'intolérance, et j'en pense tout autant d'un prétendu nationalisme civique. Le nationalisme, c'est l'exaltation des valeurs dominantes. Cette façon de penser est révolue. C'est vieillot. S'il avait fallu faire l'indépendance, cela aurait dû être au XVIIIe siècle, et encore: avec la nouvelle donne du XXIe siècle, il nous faudrait sous un Québec indépendant faire des choix déchirants, voir s'annexer à une grande puissance. Heureusement nous sommes Canadiens puisqu'on fait déjà face à des choix difficiles: couper, gérer à la semaine, faire face aux crises, etc. Dans un Québec souverain, on aurait peut-être même été conquis par le Canada ou les États-Unis. Aucune petite puissance ne peut survivre dans un marché où il n'y a qu'un ou deux géants; ce ou ces derniers prennent le monopole au détriment des autres: c'est la loi du plus fort. Quand j'entends Parizeau parler des États-nations européens et de ceux en Europe qui accèdent à leur indépendance, ils semblent oublier que la joute se joue là-bas entre plusieurs géants. On ne peut transposer un échiquier aussi équilibré avec celui de l'Amérique du Nord. Ce qu'il faut faire, c'est avoir une voix dans chacune des institutions possibles pour le Québec. Pour y arriver, rien de mieux que de faire partie du Canada, un petit géant ménageant la chèvre et le choux, juste assez gros pour influencer les choix américains, juste assez tiède pour ne prétendre à aucune envolée nationale. D'ailleurs, tout rêve nationaliste canadien meurt devant l'implacable réalité de ces citoyens: des individus plus différents les uns des autres soutenus par un seul but se résumant en quelques objectifs: vivre en paix dans une société sans arme et sans violence, la liberté de vivre son identité propre, la protection d'un état-providence et un mode de vie occidentale spécifique aux démocraties modernes.

À suivre...

1 commentaire:

  1. Bonsoir François,

    Quelques points en réponse à vos propos.

    Je vous cite :

    «Le fédéralisme est le seul système au Canada qu'on puisse défendre avec logique, cohérence et passion. En contrepartie, on ne peut soutenir le séparatisme que par passion. Rien ne peut passer l'épreuve de l'incertitude. Et le projet indépendantiste nage en pleine incertitude.»

    Est-ce que vous réaliser la portée de cette affirmation ? Toute analyse logique comprend une part d’incertitude. La politique, l’histoire, les sciences sociales, l’économie et la philosophie doivent contenir une part d’incertitude sinon il n’est plus question de science mais de dogme. Ainsi, les indépendantistes ne pourraient pas développer des arguments logiques et cohérents en raison de la nature même de leur option ? J’ai connu des fédéralistes qui ne carburaient qu’à l’émotif et des indépendantistes qu’à la logique. Vous ne donnez pas votre place côté émotif avec vos tirades pancanadiennes et vos menaces et vos craintes (la peur et la crainte aussi sont des émotions).

    Je vous cite :

    «Il y a certes Parizeau et quelques illuminés croyant que la souveraineté fera disparaître tous les problèmes du Québec comme par enchantement.»

    Parizeau est sans doute l’homme le plus au fait des tenants et des aboutissants de l’indépendance du Québec. Il répète depuis la sortie de son livre sur toutes les tribunes que l’indépendance ne règlera pas tous les problèmes du Québec.

    En terminant, vous semblez croire que les Canadiens ne sont pas nationalistes. Vous devriez vous relire à l’occasion. Vos billets sont ultranationalistes. Vous n’acceptez pas le nationalisme québécois, mais vous vous gargarisez avec le nationalisme canadien.

    Bonne soirée!

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