samedi 23 janvier 2010

Top 10 de la peinture (2)

Je le savais, quelqu'un a pogné. Cette personne que pourtant j'estime a cru à tord que c'était une question mercantile de préférer un peintre à un autre. Qu'il y avait quelque chose d'extrêmement subjectif d'aimer une oeuvre par rapport à une autre.

Je dirai: puis après? J'assume parfaitement mes choix. Ne sommes-nous pas dans un monde libre où tout est relatif (pour une fois que cet état esprit moderne sert ma cause)? Il faut savoir que c'est un jeu où j'essaie de montrer mes préférences en peinture. Je vous mets au défi d'en faire autant. Il est beaucoup plus difficile de hiérarchiser ses choix qu'on ne peut le croire. Pour ce qui a trait à Picasso (comme quoi c'est un choix facile), je dirais: allez en voir pour vrai; vous me comprendrez par la suite.

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6- Claude Monet (1840-1926), Vincent Van Gogh (1853-1890) et William Turner (1775-1851): vraiment exéquo. Ce dernier (je vais créer un scandale) serait pour moi le véritable #6 puisqu'il fut le précurseur de l'impressionnisme. Ces peintres ont fait parler la couleur avant le dessin. Leurs couleurs sont toutes imprégnées d'un flou savamment pondéré. On voit presque le mouvement d'ondulation du vent que l'oeil humain perçoit normalement dans les paysages qu'ils ont peints. Il y a aussi cette quiétude qui émane de chacune de leurs oeuvres. N.B.: On pourrait placer Van Gogh à part mais la richesse de ses taches (de belles grosses taches bien définies mais qui mis ensemble font une impression remarquable) font de lui un peintre ayant poussé un peu plus loin la recherche picturale dans ce domaine de la peinture.

7- Camille Pissaro (1830-1903): un choix totalement personnel et je l'assume parfaitement. Ma femme me chiale souvent dans les expositions: je reste plusieurs minutes à contempler ses oeuvres. C'est l'un des meilleurs impressionnistes. Ces paysages peints de la ruralité française sont tous plus jolis les uns des autres. Il y a aussi le souci du détail, la profondeur de champ et l'achèvement de l'idée du romantisme comme cette idée était entendue au XIXe siècle. Presque exéquo pour les mêmes raisons: Paul Cézanne (1839-1906). Mais c'est pas pareil. Les traits sont plus gros et le gros de son travail a été investi dans des natures mortes.

8- Marc Chagall (1887-1985): un autre mal-aimé du bas-peuple. Il est inclassable. Il mélange symbolisme, onirisme, le côté naïf et fait transparaître sa recherche spirituelle judéo-chrétienne. Ses couleurs pastels et ses représentations enfantines sont hypnotisantes. Il faut faire attention à chacune des parties de ses oeuvres: il y a toujours quelque chose à comprendre, à essayer de saisir.

9- Juan Miro (1893-1983): pour l'expression de l'irrationnel et de l'automatisme. Un grand Catalan que ce Miro! Il pousse vraiment loin l'abstraction et l'agencement des couleurs. Pourtant, tout est équilibré dans ses oeuvres; rien de trop, rien de moins, et pourtant, tant de lignes, tant de formes, tant de couleurs. J'ai vu un reportage qui le montrait travailler dans son atelier: c'est pas un imposteur; il était vraiment appliqué, il avait une démarche.

10- Jean-Paul Riopelle (1923-2002): pour sa maîtrise parfaite du all-over. Je le préfère à Jackson Pollock (1912-1956). Les couleurs à Riopelle sont plus lumineuses, plus éclatées. La composition est équilibrée, bien sentie, réfléchie. Néanmoins, il réussit à détacher toutes formes de perspectives, ce qui est propre à l'abstraction. Je le mets en 10e position également pour ses peintures au pochoir, dont son chef-d'oeuvre selon moi: Hommage à Rosa Luxembourg (1992), peint à la suite de la mort de son amour Joan Mitchell (1925-1992). Cette artiste n'est pas non plus dénuée d'intérêt. Il y aussi dans cette oeuvre de Riopelle une réflexion sur le travail de la révolutionnaire allemande du même nom. C'est une oeuvre extrêmement riche (en couleurs, symboles, formes, très grande aussi), qui invite au rêve et au dépassement (à cause des oiseaux), qui mérite tous nos égards. Presque exéquo: Marcelle Ferron (1924-2001), pour l'extraordinaire luminosité de ses oeuvres.

À suivre...

Images:

William Turner, Soleil couchant sur un lac, 1840-1845.
Courtoisie: http://www.aidart.fr/category/galerie-maitres/angleterre

Jean-Paul Riopelle, L’Hommage à Rosa Luxemburg, 1992.
Courtoisie: http://www.cieq.ca/colloqueAIEQ-CIEQ/Hommage_Grand.html

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