
Car si les personnages agacent effectivement, l’un pour son dandysme cathodique, l’autre pour son atermoiement ontologique, force est de constater l’agréable surprise que révèle cette correspondance. Loin de s’enfermer dans le cliché d’une succession d’avis tranchés - certains ou hésitants - au sujet de l’actualité sociale et politique, ou de jouer la carte du scoop, l’échange tourne heureusement à l’excellente étreinte intellectuelle. De l’engagement, au dire de l’athéisme juif en passant par la révocation du positivisme, le débat devient rapidement passionnant. Le style soigné, difficile, fier parfois, du philosophe, rencontre une écriture réaliste, épurée, impropre pour les philistins, sincère pour les avertis. Quant à son insatiable humanisme, il apparaît à la fois fragile et persistant face aux assauts de la misanthropie et du scepticisme intense de l’exilé irlandais. Ainsi, sans s’éterniser sur le canapé, les confidences de chacun raisonneront, in fine, comme des confessions pudiques et cathartiques. Une manière de confirmer le sentiment du lecteur éveillé : on préférera éternellement l’auteur de ‘La Barbarie à visage humain’ au BHL de ‘Comédie’ ; comme on délaissera avec entrain le Houellebecq réalisateur au profit de l’écrivain des ‘Particules élémentaires’.
Critique de Thomas Yadan
http://www.evene.fr/livres/livre/bernard-henri-levy-et-michel-houellebecq-ennemis-publics-37838.php
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