mercredi 28 septembre 2011

Charles Fourier (1772-1837)

François Marie Charles Fourier, né le 7 avril 1772 à Besançon (Doubs) et mort le 10 octobre 1837 à Paris, est un philosophe français, fondateur de l’École sociétaire, considéré par Karl Marx et Friedrich Engels comme une figure du « socialisme critico-utopique » dont un autre représentant fut Robert Owen. Plusieurs communautés utopiques, indirectement inspirées de ses écrits, ont été créées depuis les années 1830.

Un Phalanstère1 est un ensemble de bâtiments à usage communautaire qui se forme par la libre association et par l'accord affectueux de leurs membres. Pour Charles Fourier, les phalanstères formeront le socle d'un nouvel État.

Dans sa théorie « la terre de la Société harmonique sera divisée en trois millions de phalanstères, chacun regroupant 1 500 personnes des trois sexes », (les mineurs, pour Fourier, appartiennent à un troisième sexe, un sexe neutre ou impubère).

Le phalanstère est une sorte d'exploitation agricole avec des bâtisses pour le logement et l'amusement, pouvant accueillir 400 familles au milieu d'un domaine de 400 hectares où l'on cultive les fruits et les fleurs avant tout. Fourier décrira à loisir les couloirs chauffés, les grands réfectoires et les chambres agréables.

Destiné à abriter 1 800 à 2 000 sociétaires, le phalanstère est un bâtiment de très grande taille : une longueur de 600 toises, soit environ 1 200 m, à comparer aux 500 m du château de Versailles ; une surface occupée – bâti et non bâti — d'environ 4 kilomètres carrés ; des arcades, de grandes galeries facilitant les rencontres et la circulation par tous les temps ; des salles spécialisées de grande dimension (tour-horloge centrale, bourse, Opéra, ateliers, cuisines) ; des appartements privés et de nombreuses salles publiques ; des ailes réservées au « caravansérail » et aux activités bruyantes ; une cour d'honneur de 600 m x 300 m, dans laquelle tiendrait la grande galerie du Louvre ; une cour d'hiver de 300 m de côté (à comparer aux 100 m de la Place des Vosges) plantée d'arbres à feuillage persistant ; des jardins et de multiples bâtiments ruraux…

Les phalanstères ont fait l'objet de nombreuses tentatives d'application en France et aux États-Unis au XIXe siècle, mais à l'exception notable du familistère de Guise et de celui de Bruxelles, toutes ont échoué plus ou moins rapidement. Mais après 1968, l'idée a stimulé certaines initiatives, notamment la communauté de Longo Mai en Provence.

La quête de Fourier est celle d’une harmonie universelle. Il présente sa théorie comme résultant d’une découverte scientifique dans le domaine passionnel, parachevant la théorie de la gravitation d’Isaac Newton dans le domaine matériel. Dans le cadre de cette théorie dite de l’Attraction passionnée, l’univers serait en relation avec les passions humaines, qu’il reflèterait. Ainsi déclare-t-il possible de s’informer sur les situations passionnelles humaines en observant notamment les animaux et les plantes terrestres, et en appliquant à ces observations un raisonnement analogique dont il donne quelques clés.

Fourier classe hommes et femmes en 810 catégories. Ces catégories correspondent à autant de passions, sous-passions, sous-sous-passions, etc. différentes. Sur cette base de 1620 caractères qu'il appelle une phalange, il jette l’organisation des phalanstères composés, comme il se doit, d’autant de personnes.

De fait, chaque personne au sein du phalanstère œuvre selon ses affinités, tout en accordant une place particulière à l’agriculture, ainsi qu’aux arts et aux sciences.

Il pose ainsi les premières bases d'une réflexion critique portant sur la société industrielle naissante et ses défauts les plus criants. Selon lui, pour faire cesser les vices de la société civilisée, il suffit de faire confiance aux indications données par l’Attraction passionnée, cette impulsion donnée par la nature antérieurement à la réflexion, et persistante malgré l’opposition du devoir, du préjugé, etc. .

Charles Fourier considère ainsi que l’attirance naturelle des humains pour l’activité et la vertu est totalement entravée et pervertie par le travail, un état où l’homme s’impose à regret un supplice, et par la morale, cette mortelle ennemie de l’attraction passionnée.

Il propose donc, après mûrs calculs et réflexions, ces sociétés idéales composées d'une phalange de 1620 individus de tous âges, nommées phalanstères où chacun s’active dans de multiples groupes fréquentés successivement dans la journée. Les groupes principaux sont appelés des séries, constituées de gens réunis passionnément par identité de goût pour quelque fonction. L’intégration dans le groupe est réalisée en toute liberté et par choix réciproque, comme de nos jours se constituerait un orchestre amateur ambitieux.

Il faut savoir que chacun y est rétribué après répartition des dividendes annuels du phalanstère d’abord entre les séries, puis entre les groupes qui les composent. Vient ensuite la répartition entre les individus. La méthode est identique pour chaque échelle : le montant dépend du rang occupé dans le phalanstère. Ce rang est déterminé selon divers critères, appliqués à l’intérieur de trois classes : nécessité, utilité et agrément. Ce n’est pas la valeur marchande des produits qui entre en ligne de compte, mais leur capacité à susciter le désir de produire, et leur potentiel d’harmonisation du phalanstère (mécanique d’attraction et d’harmonie).

Fort de ses convictions, il tente de faire réaliser un phalanstère expérimental par quelques mécènes fortunés, mais n’y parvient pas de son vivant. Après sa mort, quelques tentatives de création de communautés utopiques ont bien lieu, mais à part le Familistère de Godin, toutes faillissent du fait de querelles internes. De toute façon, aucune n'approche le bonheur promis par le théoricien socialiste, en raison du non-respect de ses prescriptions, sans doute trop libertaires pour l’époque de leur réalisation.

Quoi qu'il en soit, par sa réflexion sur l’organisation du travail, sur les relations entre les sexes, entre l’individu et la société, ... il apparaît comme un précurseur et du socialisme et du féminisme français.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Fourier

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