samedi 6 février 2010

Initiation à une sociologie historico-critique de l’époque postmoderne (5)

Exposé #3: Qu’est-ce qui caractérisait principalement la postmodernité?

L‘individualisme, par le truchement du subjectivisme, trônait de façon magistrale dans tous les aspects de la société. Les goûts personnels de chaque individu étaient devenus des référents en soi. Chaque opinion équivalait à celle d’autrui. Il y avait un tel relativisme que cette doctrine était elle-même sujette à la critique de tout un chacun. Cet état d’esprit amena comme conséquence un égocentrisme exacerbé. Le moi était le référent ultime. L’égoïsme généralisé fut son juste corollaire avec lequel toute la société fut obligée de composer. Certes, il y avait encore, ci et là, des ilots de solidarité; d’archaïques missionnaires, tant laïcs que religieux continuaient de se dévouer pour la cause de son prochain. Il restait aussi quelques gauchistes prêts à payer taxes et impôts à la société afin que tous puissent vivre dans la sécurité et la dignité. Mais ces derniers étaient de plus en plus minoritaires, leur nombre s’amenuisant d’année en année. Voyez-vous, la pensée dominante prônait un désengagement gouvernemental le plus total. Car chacun croyait tirer de cette situation un avantage: celui de ne plus payer pour son voisin. En réalité, chacun contribuait à la destruction des institutions communes, de sorte que chacun coopérait à sa propre perte. Par exemple, la mode était au désengagement étatique en santé et en éducation, ces deux secteurs étant de vrais gouffres financiers pour le budget de l’état de cette époque. Le gouvernement, sous la pression d’une population avare et insensible, coupa drastiquement dans ces deux domaines ci-mentionnés. Or, on s’aperçut assez tôt qu’il était plus coûteux à l’état de laisser les moins nantis sans soin et sans éducation que de les soigner et de les éduquer aux frais des contribuables. On compris après analyses qu’une personne sans soin finissait par devenir mourante, ce qui l’empêchait d’apporter une contribution à la société, ou qui faisait de lui un poids de plus en plus difficile à supporter pour la nation, et qu’un citoyen incapable de se payer de l’instruction faisait de lui un individu inapte à s’intégrer aux défis technologiques qu’imposaient cette époque en proie à la révolution du savoir; peu de gens pouvaient se payer de hautes études, donc, la société dépérit et on vit poindre une aristocratie du savoir. Assujettis à toutes ces réalités de la postmodernité, les citoyens usèrent d’ironie et de dérision à peu près sur tous les sujets de cette époque. S’il y a une seule bonne chose qui résulta de cette mentalité de cette sombre période historique, c’était l’esprit novateur et créatif engendré par cette conjoncture. L’art était en pleine ébullition, amenant des projets tous plus inusités les uns des autres. Mais encore, on voyait surgir le narcissisme dans presque tous les projets, de sorte qu’il était presque impossible pour un amateur d’art d'apprécier à sa juste valeur l’oeuvre de l’artiste postmoderne: il fallait quasiment connaître personnellement l’artiste afin de comprendre l’oeuvre de l’artiste en question.

En résumé, l'individualisme était dominant, on vivait pour soi, on ne vivait pas pour les autres, on espérait vivre le plaisir au maximum même si cet hédonisme était pratiqué au détriment du bien-être d'autrui, on vivait au jour le jour, le passé et le futur étaient du domaine de l‘incertain, le cynisme était universel puisque tous se sentaient fatalement condamnés à une vie sans idéaux unanimement reconnus, les sentiments primaient sur la raison collective et individuelle, on ressentait une urgence de vivre, la spiritualité était obsolète, il y avait une absence de règles, seules les lois du droit commun continuaient d‘avoir un tant soit peu autorité, tout était permis, il fallait coûte que coûte être original, du moins, fallait-il donner l‘impression d‘être original. Le mot suprême à retenir ici: relativisme. La postmodernité n’était que relativisme: le bien et le mal, les valeurs; tout variait selon la mode, selon le moment, selon l’instant, selon même la situation et les gens avec lesquels on interagissait.

À suivre...

Image:
Serigraphie originale de Ben VAUTIER
Sur papier mat couché 350 grammes.
Dimensions : 30 x 50 cm
Année : 1984
http://www.aresarts.com/catalog/benbenvautier-m-28.html

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