Noms communs : Éphédra, éphèdre, uvette.
Noms botaniques : Ephedra sinica, E. equisetina, E. intermedia, famille des éphédracées.
Nom anglais : Ephedra.
Nom chinois :Ma Huang.
Parties utilisées : Parties aériennes séchées, particulièrement les jeunes tiges, récoltées au printemps.
Habitat et origine : Sous-arbuste sempervirant dont les jeunes tiges se présentent comme de fins cylindres creux, munis de rares et minuscules feuilles. Originaire d'Asie centrale, l'E. sinica préfère la toundra de l'hémisphère nord avec ses sols rocailleux et sablonneux. On trouve quelques autres espèces d'éphédra en Europe et en Amérique, mais elles ne renferment pas toutes l'éphédrine qui caractérise l'E. sinica et d'autres espèces comme l'E. equisetina et l'E. intermedia, ses proches cousins. Le « thé des Mormons » (E. nevadensis), par exemple, une plante nord-américaine, ne renferme pas d'éphédrine.
La principale substance active de l'éphédra est l'éphédrine. C'est un puissant stimulant contre-indiqué pour certaines personnes (voir la section Contre-indications). L’abus d’éphédra ou d’éphédrine a donné lieu à des effets indésirables graves, parfois mortels. En 2002, Santé Canada limitait l’usage des produits en vente libre contenant de l’éphédra ou de l’éphédrine à la décongestion nasale. Le ministère a aussi limité la dose simple à 8 mg d'éphédrine/400 mg d’éphédra et la dose quotidienne maximale à 32 mg/1 600 mg. La différence entre ces nouvelles doses et celles qui étaient permises auparavant est énorme.
De plus, les préparations contenant de l’éphédra (ou de l’éphédrine) et de la caféine sont strictement interdites au Canada depuis 2002. En effet, la caféine augmente les effets indésirables dangereux de la plante. Ces produits étaient commercialisés pour favoriser la perte de poids et augmenter les performances sportives. Certains en ont abusé et de nombreux cas d’effets indésirables graves ont été signalés1.
Note. Santé Canada a renouvelé sa mise en garde plusieurs fois, dont en mars 200836.
Un usage traditionnel très ancien
On a trouvé de l'éphédra parmi une série de plantes médicinales sur un site archéologique datant du Néandertal (il y a 60 000 ans). En Inde ancienne, le jus d'éphédra était appelé soma et on le consommait pour s'assurer la longévité.
Ce sont assurément les Chinois qui ont développé, de la manière la plus systématique, l'usage médicinal de l'éphédra.
En Médecine traditionnelle chinoise (MTC), la plante est, depuis plus de 5 000 ans, un ingrédient de plusieurs préparations de la pharmacopée traditionnelle. Elle n'est jamais prise seule, mais plutôt en association avec plusieurs autres ingrédients, comme c'est généralement le cas en pharmacopée chinoise. Par exemple, dans la préparation Yi Yi Ren Wan, qui est indiquée dans certains cas de polyarthrite rhumatoïde, l'éphédra a pour rôle de contribuer à dissiper tout oedème qui se serait formé dans les articulations, mais son action est complétée et équilibrée par six autres plantes.
Selon la MTC, l'éphédra est utile pour traiter les infections respiratoires, l'asthme, l'eczéma, la rhinite allergique (rhume des foins), l'oedème et la narcolepsie. La médecine kempo (Japon) reprend systématiquement les usages médicinaux et les formules de la MTC. Quant à la médecine ayurvédique (Inde), elle reconnaît depuis longtemps l'utilité de l'éphédra pour traiter l'asthme, les spasmes, le rhume des foins et les allergies.
En 1887, des chercheurs japonais isolaient l'éphédrine, l'un des principaux alcaloïdes de l'éphédra, qui renferme également de la pseudoéphédrine, un alcaloïde semblable au premier. Les deux substances sont rapidement devenues populaires pour traiter l'asthme et la congestion nasale.
Un usage moderne abusif
Plus récemment, l'usage de l'éphédra ou de l'éphédrine couplé à celui de la caféine pour favoriser la perte de poids a eu beaucoup de succès auprès des Nord-Américains touchés par une « épidémie » d'obésité. De plus, certains fabricants de boissons énergisantes, ou autres produits destinés aux sportifs et aux jeunes à la recherche de stimulants, ont mis en marché des produits qui ont été présentés comme une « solution de rechange naturelle aux drogues illégales ». Ces nouveaux usages de la plante et de son principal alcaloïde ont donné lieu à des abus et provoqué un certain nombre d'effets indésirables graves.
États-Unis : une longue bataille juridique
Vers la fin de la décennie 1990, de nombreux États américains interdisaient ou limitaient sérieusement la vente de suppléments alimentaires ou de produits naturels renfermant de l'éphédrine. De 1997 à 2003, le projet de bannir l’éphédra du marché a opposé la Food and Drug Administration américaine (FDA)3 et l’industrie des produits naturels, qui affirmait que l’éphédra, aux doses recommandées, est sécuritaire4,5.
Cependant, en février 2003, trois éléments ont incité la FDA à intervenir de façon plus musclée. L’agence gouvernementale américaine Agency for Healthcare Research and Quality concluait, sur la base d’une revue systématique des données scientifiques, que les suppléments d'éphédra sont associés à des effets indésirables qui sont parfois graves, que rien ne permet de dire qu'ils augmentent les performances sportives, et que leur efficacité pour perdre du poids est de faible envergure et de courte durée6,7.
Second élément : les résultats d'une étude comparative parue dans Annals of Internal Medicine démontraient qu'en 2001, les produits contenant de l'éphédra ont représenté 64 % des déclarations d'effets secondaires reliés aux suppléments de plantes, tandis qu'ils ont constitué cette année-là moins de 1 % de ce marché8!
Troisième élément et non le moindre : le décès d'un jeune joueur de baseball le 17 février 2003 a été relié au fait qu'il consommait un supplément à base d'éphédra pour maigrir, combiné à un entraînement intensif par grande chaleur9.
Finalement, en avril 2004, l’interdiction entrait en vigueur aux États-Unis après une longue bataille politique et juridique10. Ce règlement ne s’applique pas aux remèdes de la Médecine traditionnelle chinoise ni aux médicaments qui contiennent de l’éphédrine synthétique.
En avril 2005, cette décision de la FDA été renversée par un tribunal de l’Utah qui permettait, dans cet État, la commercialisation de suppléments d’éphédra dont le dosage quotidien n’excédait pas 10 mg par jour11. Ce jugement a cependant été lui-même renversé par une cour d’appel (Circuit Court of Appeals in Denver) qui a statué, en août 2006, que l’analyse de la FDA était exacte et qu’il n’existe pas de dose acceptable d’éphédra12.
Au Canada
Les autorités canadiennes ont, pour leur part, réagi plus tôt. En effet, dès janvier 2002, Santé Canada demandait le retrait du marché des produits à base d'éphédra ou d'éphédrine dont la dose simple est supérieure à 8 mg d’éphédrine (400 mg d’éphédra) ou dont l’étiquette recommande la prise de plus de 8 mg/dose ou de 32 mg/jour (1 600 mg d’éphédra).
La vente de la plante en vrac est interdite. Cependant, les praticiens de médecine traditionnelle peuvent employer l’éphédra pour leurs patients dans le cadre d’un traitement personnalisé. En effet, leur pratique relève de la juridiction des provinces et non pas de Santé Canada qui réglemente uniquement la vente commerciale des produits de santé naturels.
Sont également interdits tous les produits mixtes contenant de l’éphédra ou de l'éphédrine associée à des stimulants (caféine, guarana, yerba mate, etc.) L’interdiction concerne les produits qui « sont associés à une allégation, figurant sur l’étiquette ou implicite, selon laquelle ils ont un effet coupe-faim ou favorisent la perte de poids, augmentent le métabolisme, la tolérance à l’exercice et les effets de la musculation, le niveau d’énergie ou l’état d’éveil, sont euphorisants ou ont d’autres effets stimulants »1.
Produit de remplacement sécuritaire?
On trouve maintenant des suppléments censés favoriser la perte de poids qui contiennent de la caféine et, en remplacement de l’éphédra, des extraits d’orangeamère (Citrus aurantium). Ces extraits contiennent de la synéphrine, une substance dont les effets, y compris les effets indésirables, sont similaires à ceux de l’éphédrine, ce qui inquiète la FDA et Santé Canada10,13. Voir notre fiche Orange amère pour en savoir plus.
Produit dopant ou pas?
Depuis le 1er janvier 2004, la pseudoéphédrine n’est plus une substance interdite selon le Code antidopage du mouvement olympique. Avant cette date, une concentration supérieure à 25 microgrammes de pseudoéphédrine par millilitre dans l'urine était considérée comme un résultat positif. L'éphédrine et la méthyéphédrine restent interdites quand leurs concentrations respectives dépassent 10 microgrammes par millilitre14.
http://www.passeportsante.net/fr/Solutions/PlantesSupplements/Fiche.aspx?doc=ephedra_ps
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