mercredi 20 juin 2012

Épopée de Gilgamesh

L’Épopée de Gilgamesh est un récit légendaire de l’ancienne Mésopotamie (Irak moderne). Faisant partie des œuvres littéraires les plus anciennes de l’humanité, la première version complète connue a été rédigée en akkadien dans la Babylonie du XVIIIe siècle av. J.-C. ou XVIIe siècle av. J.-C. ; écrite en cunéiforme sur des tablettes d’argile, elle s’inspire de plusieurs récits, en particulier sumériens, composés vers la fin du IIIe millénaire ; elle est à rapprocher d’« Enki et Ninhursag », d’« Enûma Elish » (Lorsqu’en haut…) et du « Atrahasis » (Poème du Supersage). Elle a pour origine des récits mythiques ayant pour personnage principal le roi Gilgamesh, cinquième roi (peut-être légendaire) de la première dynastie d’Uruk (généralement datée de l’époque protodynastique III, vers -2700, -2500), selon la liste royale sumérienne composée pendant la première dynastie d’Isin (-2017, -1794).

Selon l’opinion commune des assyriologues, le récit du Déluge, inspiré par l’Épopée babylonienne d’Atrahasis ou « Poème du Supersage », a été ajouté vers -1200, pour former le texte « standard », comprenant onze tablettes, de l’épopée assyro-babylonienne. La douzième tablette, traduction de la seconde moitié du récit sumérien « Gilgamesh, Enkidu et le séjour des morts », a dû être ajoutée vers -700[1].

Ce sont des tablettes d’écriture cunéiforme du VIIIe siècle av. J.-C. trouvées dans les fouilles de la bibliothèque du roi Assurbanipal à Ninive qui l’ont dévoilée au monde dans les années 1870, à partir notamment du passage concernant le Déluge, qui fit sensation à l’époque. Cette épopée avait connu un grand succès dans le Proche-Orient ancien, et des exemplaires ont été retrouvés dans des sites répartis sur un grand espace, en Mésopotamie, Syrie, et en Anatolie ; elle est attestée jusque dans les textes de Qumrân, peu avant l’ère chrétienne. Elle avait été traduite en Hittite et en Hourrite. Les sources sont sumériennes, babyloniennes, assyriennes, hittites et hourrites. Les tablettes seront d’abord traduites par Georges Smith, protégé de Henry Rawlinson.

De récents travaux rapprochent l’épopée de Gilgamesh des 12 travaux d’Héraclès (l’homologue grec du héros romain Hercule), la légende babylonienne étant antérieure de près de 1 000 ans aux écrits d’Homère[2].

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Gilgamesh, roi de la ville d'Uruk, est dur et intransigeant envers ses sujets. À la demande de ceux-ci, la déesse Aruru, maîtresse de la cité, confectionne avec de l’argile un « double » de Gilgamesh, Enkidu, pour le remettre dans le droit chemin. Personnifié à l'image d'Anu le dieu du ciel et de Ninurta le dieu de la guerre, c'est un homme sauvage, dénué de toute élégance naturelle, et destiné à être le miroir de Gilgamesh, son compagnon, mais à la différence de celui-ci, il est bon. Les deux personnages se rencontrent en duel. Au terme du combat, tous deux comprennent leur complémentarité et s’allient pour accomplir de grands exploits. Mais Enkidu meurt et Gilgamesh, au comble de la tristesse, part à la recherche du secret de l’immortalité auprès d’Uta-Napishtim, qui lui fait l’étrange récit d’un déluge. Au moment de partir il lui révèle l’existence d’une plante de jouvence.

À peine Gilgamesh a-t-il pu se procurer la plante qu’il se la fait dérober par un serpent et comprend qu’il n’est pas dans la nature de l’homme de vivre immortel. Une telle quête est vaine et l’on doit profiter des plaisirs qu’offre la vie présente.

La beauté et la richesse symbolique du récit firent d’autant plus sensation lors de leur révélation devant la Société d’archéologie biblique de Londres en 1872, que l’épisode relatant le déluge ressemblait beaucoup, mais en plus étoffé, à l’épisode de Noé dans la Bible.

Il est intéressant d’en rapprocher le mythe de Héraclès : certains auteurs établissent ainsi une filiation entre l’épopée de Gilgamesh, la « Gloire d’Uruk », rédigé dans la Mésopotamie du XVIIIe siècle av. J.-C., et le mythe de Hercule, la « Gloire d’Héra », (voir à ce sujet les travaux de l’anthropologue syrien Firas Sawwah).

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