Auteur du Système des objets et de La Société de consommation, il est à l'origine d'une œuvre protéiforme, qui ne cessera d'évoluer pendant près de quarante ans, pour finir par se concentrer sur la notion de « disparition de la réalité ».
Le système des objets est le premier ouvrage majeur du sociologue français Jean Baudrillard.
Publié en 1968, cet essai prend note des évolutions de l'habitat au sein de la société française et se focalise sur l'ameublement des logements de la classe moyenne, alors en plein développement.
L'auteur questionne le sens nouveau que trouvent les objets de la vie quotidienne dans le cadre des sociétés postmodernes. En ce sens, il préfigure la sortie de La société de consommation deux ans plus tard.
Pour Jean Baudrillard, les meubles qui ornementent les foyers français ont connu une évolution qui leur a fait perdre leur vocation traditionnelle de supports de la morale bourgeoise : celle-ci ne s'enchâsse plus dans le bois massif et les lignes lourdes des tables et armoires d'autrefois. Les matériaux évoluent au profit du verre et les couleurs au profit du blanc, en particulier dans la salle de bain, un lieu destiné à la propreté du corps.
Ces remarques permettent à Jean Baudrillard d'initier une réflexion sur les objets du quotidien.
L'auteur constate que ceux-ci ne trouvent plus leur sens dans leur utilité première comme cela avait été le cas pour les générations précédentes mais dans leur matérialité, ce qui constitue une nouveauté directement liée à la modernisation de l'économie et de la société française. Leur diffusion industrielle et leur sujétion aux consignes versatiles de la mode ne les empêchent plus de se constituer en un ensemble systémique cohérent de signes à partir duquel peut s'élaborer le concept de la consommation.
Ainsi, les intérieurs deviennent fondamentalement « modulables » pour permettre au maître de maison de produire un message à destination de ses hôtes : son agencement devient un impératif auquel concourt la quête de prestige.
« La publicité tout entière n’a pas de sens, elle ne porte que des significations. Ces significations (et les conditions auxquelles elles font appel) ne sont jamais personnelles, elles sont toutes différentielles, elles sont marginales et combinatoires. C’est-à-dire qu’elles relèvent de la production industrielle des différences, par quoi se définirait, je crois, avec le plus de force le système de la consommation. »
Dans nos sociétés où la consommation prend la place de la morale, le corps devient un objet, un capital soumis à un impératif de faire-valoir. Et même si la publicité a recours à des représentations érotiques, il s’agit en fait d’une censure du sens profond des fantasmes. Ces derniers sont étouffés par un jeu de signes sexuels codifié. Le pouvoir de la société de consommation est énorme. Il est à la fois destructeur et créateur : ce qui est matériellement détruit est ainsi souvent recréé de façon factice sous forme de messages, symboles ou signes : la relation humaine est remplacée par des hôtesses d’accueil souriantes chargées de " fluidifier " les rapports sociaux, dans les zones urbanisées la nature est recréée sous forme d’espaces verts...
La société de consommation repose sur son propre mythe : « Si la société de consommation ne produit plus de mythe, c’est qu’elle est elle-même son propre mythe. À un Diable qui apportait l’Or et la Richesse (au prix de l’âme) s’est substituée l’Abondance pure et simple. Et au pacte avec le Diable le contrat d’Abondance. »
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Baudrillard
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